Comment prévenir la fraude aux achats
Les administrations doivent renoncer aux dispositifs anti-fraude manuels au profit de l'analytique hybride
Jon Lemon, ingénieur système, SAS
Aux États-Unis, le gouvernement fédéral dépense des milliards chaque année afin de mener des activités stratégiques pour le peuple américain, qui portent leurs fruits dans la plupart des cas. Cependant, la fraude, le gaspillage et les abus posent problème. Selon les estimations du Comité de surveillance de l'action gouvernementale de la Chambre des représentants, ces fléaux ont coûté 261 milliards de dollars à l'administration en 2012.
La fraude aux marchés publics – ou aux achats – est particulièrement problématique, même si elle est moins connue que la fraude aux allocations ou aux prestations. Voyons comment nous pouvons la prévenir.
La fraude aux achats revêt plusieurs formes, dont voici les plus courantes :
- Manipulation des procédures d'appel d'offres. Plusieurs parties sont en concurrence pour l'obtention d'un contrat et font à tour de rôle l'offre la plus basse, le contrat étant généralement remporté par l'entreprise proposant le devis le moins élevé.
- Subventions. Un individu établit une demande de subvention mensongère ou ne remplit pas les conditions nécessaires pour recevoir la subvention.
- Cartes de transport. Les employés fédéraux se servent de leur carte de transport à d'autres fins que leurs déplacements ou enfreignent les conditions d'utilisation.
- Cartes de paiement d'achats mineurs. Les employés fédéraux sont autorisés à effectuer des achats avec une carte de paiement, tant que la dépense ne dépasse pas un certain seuil. Il est interdit d'utiliser cette carte pour régler un achat important en plusieurs fois et éviter ainsi la procédure d'appel d'offres.
- Passation des marchés publics et achats. Cette catégorie de fraude « fourre-tout » s'étend des pots-de-vin aux contrats accordés à de grandes entreprises qui continuent de soumissionner pour des travaux initialement réservés aux PME.
Ces fraudes sont difficiles à détecter.
En théorie, le système d'achat de l'administration américaine comporte plusieurs niveaux de protection, le premier consistant à former et certifier les agents chargés de la passation des marchés, leurs supérieurs hiérarchiques et les responsables de la conformité. Le deuxième niveau est constitué des auditeurs internes qui examinent les contrats, réalisent régulièrement des audits et effectuent des analyses rudimentaires à la recherche d'écarts importants par rapport aux pratiques standard. En troisième lieu, chaque agence possède un inspecteur général qui contrôle les programmes et enquête sur les allégations de fraude, de gaspillage et d'abus.
Les experts estiment pourtant que 5 à 7 % des projets financés par le contribuable se perdent en fraudes, vols et abus. Pourquoi ?
Ces lignes de défense ont une chose en commun : elles reposent sur de fastidieux processus manuels, des données inadéquates et cloisonnées, et une détection des fraudes faite d'audits, de déductions et de dénonciations. Autrement dit, elles tirent des enseignements après coup.
Dans le cadre de ma collaboration avec des agences fédérales, j'ai appris que pour identifier des schémas de fraude complexes (et les criminels qui se cachent derrière), les agences doivent adopter une stratégie multifacette de la détection des fraudes, associant une technologie d'intégration des données sophistiquée et une approche analytique hybride. Cette combinaison est essentielle pour découvrir les organisations criminelles dès les premiers mois, ce qui limite considérablement les pertes potentielles pour le gouvernement et les contribuables.
Les applications analytiques intégrées peuvent vous aider à faire – et refaire – rapidement le lien entre les informations et ce, de plusieurs manières. Chaque « filament » de ces liens permet de considérer une fraude comme faisant potentiellement partie d'une menace beaucoup plus grande. Ainsi, les applications interagissent pour :
- Suspendre le système du tiers payant en détectant la fraude et l'erreur avant le règlement.
- Fournir des informations sur les menaces, les tendances et les risques pour faciliter la prise de décisions stratégiques.
- Offrir une vue complète des comportements frauduleux.
- Tester, simuler et déployer rapidement des modèles et des règles sans dépendre du service informatique.
Les criminels profitent de l'incapacité de l'administration à relier les bases de données fédérales et celles de chaque État, qui regorgent de données sur les retailers, les taxes de vente dans la grande distribution, les impôts sur les salaires et le revenu, les registres d'entreprises, les permis de conduire, les licences commerciales, les casiers judiciaires, les expulsions, etc. Vous devez faire le rapprochement entre ces informations pour repérer les anomalies et les mécanismes de fraude, et identifier les réseaux sociaux malveillants AVANT que les fraudeurs n'aient le temps de frapper. Si les administrations n'utilisent pas davantage l'analytique hybride, l'intégrité du processus de passation de marchés publics est menacée.
En savoir plus
La semaine internationale de la sensibilisation à la fraude 2014 touche à sa fin, mais il y a encore beaucoup à dire à ce sujet. Pour découvrir l'analyse des experts de SAS, consultez le blog State and Local Connection et la page Risk & Fraud Insights.
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